• Vendredi 8 mars 2024, à 14h
• Poitiers, faculté des Sciences humaines et arts, hôtel Berthelot, salle Crozet
24 rue de la chaîne – Bâtiment E13
Œuvre scientifique
Alexandre Vincent
L’histoire par les oreilles. Théorie, agents et effets du sonore dans l’Occident romain

Volume de publications
Le dossier présente plus de dix ans d’une réflexion individuelle et collective autour des sons dans le monde romain. Le premier volume rassemble 37 publications parues entre 2012 et 2022. Après la thèse, une partie de ma production scientifique a continué à creuser la question de la place des musiciens professionnels dans l’Occident romain, d’un point de vue social, politique, religieux. À ces agents volontaires de la vie acoustique des cités se sont progressivement ajoutées d’autres catégories d’hommes et de femmes qui par leurs activités, notamment artisanales, participaient à la création d’un « paysage sonore » des villes antiques. L’utilisation de cette notion ne va pas de soi : elle reflète un autre pan de mon travail, articulant réflexion théorique et application pratique. Le développement d’une histoire et d’une anthropologie du sens auditif dans l’Antiquité correspond à la majorité des publications rassemblées. Il s’agit avant tout de cas d’étude consacrés à des catégories de sonorités, comme le silence, ainsi qu’à leurs effets. La quasi-totalité de ces enquêtes se déroulant dans un cadre urbain, une réflexion sur les rapports entre ville et son dans l’Antiquité s’est imposée. Le mémoire inédit signifie l’importance occupée par cette thématique dans mon évolution intellectuelle.
Mémoire de synthèse : Écho-histoire
Le deuxième volume, intitulé Écho-histoire, propose une relecture de ce parcours scientifique, toujours sous l’angle du sonore. Jouant avec l’exigence académique du mémoire de synthèse (dit « égo-histoire » par la tribu des historien·nes), je propose une auto-analyse des sons marquants de ma vie, personnelle et professionnelle, à la recherche de leurs échos et effets éventuels dans ma production scientifique. L’historien, comme tout autre chercheur, n’est pas un esprit désincarné. Prendre la mesure de sa corporéité et des potentielles conséquences sur la pensée participe donc d’une démarche d’honnêteté. Il s’agit ainsi de se livrer à une sorte d’archéologie des sensations auditives, faisant le pari de la vertu heuristique d’une approche aussi lucide que possible. Les grands axes mis en avant dans le premier volume trouvent alors un éclairage sensible, que le lecteur est invité à partager au cours d’une lecture enrichie par les sons.
Travail inédit : Vrbanorum sonus (Cic., Brut., 172). Essai d’acoustémologie de la Rome antique
Le dernier volume (Vrbanorum sonus (Cic., Brut., 172). Essai d’acoustémologie de la Rome antique) est une recherche inédite visant à mieux connaître la ville de Rome par les événements sonores qui s’y sont déroulés. Leur corpus, rassemblé grâce à une base de données lexicologique consacrée aux termes du sonore dans la littérature latine, est interrogé selon trois propositions méthodologiques distinctes. La première entrée est strictement topographique : l’étude se focalise sur une zone restreinte du Forum (environ 4000 m² aux confins du Palatin, du Forum et du Vélabre). Les cultes de divinités de la parole (Aius Locutius) et du silence (Angerona et Tacita) sont concentrés dans cette partie de la Ville. L’analyse des sources conduit à entreprendre une microtopographie de ces cultes marqués par l’archaïsme, puis à interroger leurs significations respectives dans le système religieux des Romains sur la longue durée. La deuxième approche est thématique, autour des sons de la justice. Appréhender le fonctionnement de la justice romaine par les effets acoustiques permet de redéfinir la place de chacun des acteurs du système judiciaire romain dans le déroulement des procès, et notamment celle du peuple. Un questionnement plus spécifiquement spatial permet de revenir sur l’organisation matérielle des procès, à l’aune de la notion d’audibilité. Le dernier chapitre correspond à une forme d’ouverture, dans la mesure où il dépasse le cadre purement sonore pour prendre en compte l’ensemble des sensorialités rapportées par les sources autour d’un événement exceptionnel, les jeux Séculaires. L’abondance documentaire, rare, permet d’analyser ces rites sur les plans kinesthésique, tactile, visuel, olfactif et sonore. L’étude propose une approche nuancée suivant le rôle occupé par les individus dans les différentes étapes de la cérémonie (acteur/spectateur) ou leur genre. Elle constate par ailleurs combien les effets sensoriels permettaient alors une dilatation temporaire de Rome, l’unique objet de mon attachement.
Jury
– Nicole Belayche (Directrice d’études émérite, EPHE)
– Anne-Isabelle Bouton (Professeure de littérature latine, université de Lille)
– Mark Bradley (Professor of Classics and Archaeology, University of Nottingham)
– Jean-Pierre Guilhembet (Professeur d’histoire romaine, université Paris Cité)
– Emmanuelle Rosso (Professeure d’histoire de l’art et d’archéologie, Sorbonne Université)
– Nicolas Tran (Professeur d’histoire romaine, université de Poitiers, garant)
– Christophe Vendries (Professeur d’histoire romaine, université Rennes 2)
Informations complémentaires
La soutenance sera suivie d’un pot : confirmez votre présence avant le 26 février.
Contact
Alexandre Vincent
✉ alexandre.vincent@univ-poitiers.fr
Visioconférence
Un lien pour suivre à distance peut-être demandé directement à Alexandre Vincent.