Fouille programmée (2013-2017) dirigée par Nadine Dieudonné-Glad (HeRMA / Université de Poitiers).

Présentation

Une zone de production sidérurgique des VIe – Ve s. av. J.-C. comportant plusieurs dizaines de fours à usage multiple est en cours d’étude à Meunet-Planches (Indre).

De nombreux travaux ont montré la diversification des usages du fer et l’augmentation quantitative des objets de ce métal dans les habitats proto-urbains du Hallstatt final. Par ailleurs, dans plusieurs de ces habitats ont été repérés des ateliers métallurgiques dont l’étude a montré qu’ils correspondaient à la forge d’un métal fabriqué en dehors de l’espace habité.

La question des conditions techniques et économiques ayant permis l’augmentation de la quantité de fer produite se pose donc, dans la mesure où les sites de réduction du minerai sont mal connus pour cette période charnière de la protohistoire. Au Hallstatt, le métal est produit dans des fourneaux à scories piégées et à usage unique dont la multiplication peut difficilement expliquer à elle seule l’essor quantitatif de la production observée à la fin de la période. A ce moment, en effet, apparaissent des « fourneaux à scories piégées et à usages multiples » dont les premiers exemplaires français ont été signalés en 1998 par C. Dunikowski dans la région du Mans et dont on connaissait, en France, seulement un peu plus d’une dizaine d’exemplaires, souvent isolés ou côtoyant des fourneaux à usage unique.

La découverte à Meunet-Planches (Indre), par prospection magnétique, en 2011, de deux ateliers métallurgiques distants d’une centaine de mètres regroupant chacun plusieurs fours « à scories piégées et à usages multiples » disposés en batterie, apporte un éclairage nouveau sur l’organisation de la production du fer au cours de la période charnière du milieu du VIe s. au milieu du Ve s. av. J.-C. (datations 14C de charbons présents dans les fours). Par ailleurs, des prospections pédestres et géophysiques (prospection magnétique) effectuées en 2014 ont montré la présence d’une dizaine d’autres ateliers, similaires à ceux déjà explorés, sur une surface de moins de 4 ha, adjacente à la zone étudiée en 2011, ce qui pourrait constituer une véritable zone de production protohistorique.

La fouille de deux nouveaux ateliers pendant l’été 2015 permettra de préciser leur datation et de poursuivre les études paléométallurgiques déjà entreprises sur les déchets recueillis. Celles-ci ont plusieurs objectifs : caractériser les activités effectuées sur le site : les premiers résultats montrent la pratique conjointe de la réduction et de la forge dans ces ateliers ; évaluer les quantités de métal obtenues ; établir la signature chimique éventuelle des scories produites ; étudier la nature du métal fabriqué : de nombreux débris métalliques ont été recueillis lors des premières fouilles, et vérifier la persistance de la signature chimique de l’espace métallurgique dans les inclusions de scories piégées dans le métal. Par ailleurs, l’éventuelle signature chimique de la zone productrice de Meunet-Planches sera recherchée dans les débris métalliques recueillis dans les ateliers de forge du site de Port Sec Sud à Bourges, contemporains des ateliers de Meunet-Planches, dans le cadre de la thèse d’Émilie Caillaud portant sur la circulation du fer, en particulier à l’âge du Fer, sur le territoire biturige.

Ce programme est appelé à se développer par des prospections systématiques de la zone métallurgique, qui semble s’étendre sur plusieurs dizaines d’hectares et la poursuite des fouilles afin de caractériser le plus précisément possible la production métallurgique de cet espace sidérurgique biturige.

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